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Le vin biologique c'est quoi?

Le vin biologique

Il existe plusieurs définitions de la viticulture biologique :

  • Définition réglementaire: La viticulture biologique est régie par les règlements européen RCE 834/2007 et RCE 889/2008 qui concerne l’ensemble des produits bio européen
     

  • Définition agronomique: Le but pour le vigneron est de maintenir la fertilité des sols, ne pas utiliser de pesticides de synthèse, d’engrais chimiques et d’OGM
     

  • Définition œnologique : le règlement de vinification précise les pratiques autorisées et interdites
     

  • Définition éthique: les valeurs avancées sont celles de l’écologie, du maintien à la terre d’une viticulture solidaire
     

  • Définition économique: Viticulture à taille humaine , des prix équitables et une distribution de proximité

1 - Historique

Il est assez contradictoire de parler “d’histoire” des vins biologiques… puisque le vin a toujours été biologique... L’utilisation massive de la chimie dans les vignobles est finalement récente et s'est imposée après la seconde guerre Mondiale. A l’époque l’Europe est ruinée et il faut absolument nourrir les peuples de ce vieux continent ravagé par deux guerres successives.

Nos ancêtres Romains, Egyptiens, Gaulois ou Grecs produisaient déjà des crus que l'on peut qualifier de biologiques.
Par des méthodes empiriques et des décennies d’agapes bachiques; ils sont parvenus à améliorer considérablement la qualité des vins produits.

Si l’on souhaite définir le vin biologique il vaut mieux raisonner en terme de législation et d’opposition à la viticulture conventionnelle (méthode de production où l’utilisation de pesticides dans le traitement des vignobles est la plus importante) qui est également un concept récent dans la vieille histoire qui lie l’homme au vin.

  • Dates clées… sources : http://www.penser-bio.fr/Historique / https://www.sudvinbio.com/home/tout-savoir-sur-le-vin-bio
    Pour en revenir à notre sujet, “l’histoire” des vins biologiques démarre entre les deux guerres avec l’émergence de pensées comme l’anthroposophie portée par Rudolf STEINER (théories développés en 1924 dans son cour d’agriculture) ou Ehrenfried PFEIFFER.Le mouvement biodynamiste voit le jour en Allemagne en 1927 et devient le premier à mettre en place une marque «Demeter» certifiant l’origine de ses productions.

Ce mode de production revendique l’intégration de l’agrosystème dans sa globalité et non pas comme un élément séparé de l'environnement.
Un autre mouvement  émerge dans les années 40 en Grande Bretagne, l’agriculture organique, il prône le compostage et le retour à une agriculture paysanne autonome.

En France il faudra attendre le début des années 50 pour que “l’agriculture biologique se développe”.
Deux courants seront un moteur essentiel pour le développement de ce type de production :

  • Un pour la santé par l’alimentation, regroupant surtout des médecins et naturopathes, à l’origine de l’AFRAN (association française pour une alimentation normale), qui s’affirme comme le défenseur de la société paysanne et de ses valeurs.

  • Un courant d’origine agricole préconisant la fertilité des sols par l’humus.

La convergence de ces deux courants est à l’origine de la constitution du GABO (groupement d’agriculteurs biologiques de l’ouest).
A l’époque, certains agriculteurs mettent en oeuvre dans leurs exploitations les principes de la biodynamie.
C’est dans les années 50 qu'apparaît l’expression francophone « agriculture biologique ».
Au cours des années 60 à 70, les agriculteurs bio vont s’organiser. En 1962 l’Association Française d’Agriculture Biologique (AFAB) est constituée puis va se diviser en 2 courants en 1964 :

  • Lemaire-Boucher (naissance officielle de la « méthode Lemaire-Boucher » basé sur l’utilisation d’un amendement marin en 1963)

  • Nature et Progrès (fondé en 1964 par des opposant aux pratiques commerciales du courant lemeaire-boucher)

En 1964, à l’occasion du premier rassemblement national d’agriculteurs bio sont définies collectivement les règles principales de ce mode de production agricole :

  • Amélioration de la fumure organique par le compostage.

  • Suppression des labours profonds (humus en surface).

  • Cultures dérobées, engrais verts.

  • Assolement, rotation des cultures.

A la fin des années 60, les premiers groupements d’achats, issus du mouvement Nature et Progrès, sont mis en place par des consommateurs citadins.
En 1966 est créée la Fédération nationale des syndicats de l’agriculture biologique.
C’est à cette époque qu'émerge les critiques sur l’utilisation de produits chimiques et leurs effets négatifs. Le grand public est informé par des revues ou ouvrages tels que "Silent spring"(1962) de la biologiste américaine Rachel Carson, qui contribuera à l’interdiction du DDT et d’autres aux Etats-Unis et de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis.

En 1971 est créée l’UFAB (union française d’agriculture biologique) par scission de la fédération nationale des syndicats de l’agriculture biologique
1978 voit la création de la FNAB (Fédération Nationale d’Agriculteurs Biologiques)  son objectif : fédérer l’ensemble de la production sans distinction de courant ou de mention (à l’époque il existe 16 marques privées Bio). Création de l’ACAB (Association des Conseillers indépendants en Agriculture Biologique) qui deviendra ECOCERT, organisme certificateur.

Dans les années 70, le mouvement sociétal écologique de retour à la nature favorise le développement du mode de production biologique. C’est aussi à cette époque que les notions de cahier des charges, garanties et contrôle apparaissent en agriculture biologique. Objectif : assurer une qualité définie légalement pour le consommateur.

Les Années 80-90 vont être décisive pour le bio avec sa reconnaissance officielle et son institutionnalisation.

En 1981 l’agriculture biologique est reconnu de façon officielle en France (loi d’orientation agricole du 4 juillet 1980 et du décret du 10 mars 1981) et en 1988 l’appellation “agriculture biologique” est  reconnue et réservée aux seuls produits élaborés selon les cahiers des charges homologués

Ces textes :

  • définissent les conditions d’homologation des cahiers des charges

  • précisent les substances utilisables dans la production, la conservation et la transformation des produits agricoles biologiques

  • précisent que le contrôle doit être réalisé par des organismes indépendants protègent le terme « agriculture biologique » en France.

Au niveau européen, la réforme de la PAC de 1991 crée des aides à la conversion en AB. Elles seront un moteur puissant pour le passage au bio de nombreux vignerons.
En 1993 sont mis en place les premières aides à la conversion à destination des agriculteurs. L’objectif est de sécuriser la période de conversion d’un point de vu économique.
En 1997 la France met en place le plan Ricquois pluriannuel de Développement de l’Agriculture Biologique.

Dans les années 2000 l’Agriculture Biologique Stagne en France puis est relancée.
En 2001 est créée l’Agence Bio, Groupement d’intérêt public.
De 2002 -2004 rupture pendant presque 2 ans du dispositif d’aide à la conversion.
En 2004, Hervé Gaymard,alors ministre de l’Agriculture du gouvernement Raffarin, annonce de nouvelles "mesures en faveur du développement de l’agriculture biologique".
En 2007 la réglementation européenne est révisée à l’initiative de la commission européenne, dans un soucis d’actualisation et d’homogénéisation des règles de production de l’agriculture biologique en Europe.

Au niveau national, en 2007 le plan Barnier "Agriculture biologique : horizon 2012" vise à tripler les surfaces actuelles cultivées en "bio" et de les porter à 6 % de la surface agricole française d’ici 2012.

Concernant les surfaces en production au niveau viticole à l’échelle national elles sont passés de 8156 has en 2001 à 54700 has en 2014 soit une multiplication par plus de 6 en 13 ans!

Le tableau ci-dessous résume, plus globalement, comment s'est développé l’agriculture biologique au niveau mondial :

(source : http://www.penser-bio.fr/Historique )

2 - A la vigne, en bio

Afin de bien appréhender la production de vins biologiques il est important de comprendre qu’un vin se fait d’abord dans les vignes. Sans une matière première saine et de qualité il sera bien plus difficile d’obtenir un vin aux qualités organoleptiques satisfaisantes !
Au niveau de la conduite de la vigne en agriculture biologique les techniques qui sont principalement mises en place sont :

  • La mise en œuvre de mesures prophylactiques pour réduire la sensibilité de la culture aux attaques parasitaires, avant d’envisager le recours aux produits de protection des plantes. Cela veut dire que le viticulteur ou le vigneron observe son vignoble à la recherche de maladies et d’attaques parasitaires et ne traite que si cela est vraiment nécessaire.

  • Le recours à l’utilisation de produits exclusivement d’origine naturelle pour la fertilisation et la protection des vignes.

  • L’interdiction des organismes génétiquement modifiés (OGM) ou issus d’OGM.

  • La gestion des adventices par des interventions mécaniques (travail du sol, paillage, désherbage manuel…)

Un producteur qui travaille en viticulture biologique emploi, normalement, plus de main d’oeuvre. La mise en oeuvre de ces pratiques entraîne une moindre utilisation de produits de désherbage, d’épamprage. Des temps d’observation dans le vignoble pour anticiper les interventions, la gestion mécanique et non chimique des adventices…
Elle se traduit généralement par une augmentation des coûts de production (variable selon les conditions du milieu).

Au niveau de la conversion d’un vignoble conventionnel vers la viticulture biologique, la réglementation bio européenne exige une période de transition. En viticulture, il faut 36 mois de conversion avant d’être certifié bio.Le vigneron ne peut communiquer sur son engagement bio qu’à partir de la 2 ème année de conversion et s’il n’utilise qu’un seul ingrédient d’origine agricole en vinification (l’alcool vinique, le moût concentré rectifié et le sucre sont donc interdits).
La mention sera alors : « Produit en conversion vers l’agriculture biologique ».

Au niveau des traitements sanitaires de la vigne, la principale différence vient du fait qu’en viticulture biologique l’utilisation de produits chimiques est remplacée par des produits de traitements d’origine naturelle. Comme nous l’avons vu précédemment les viticulteurs et vignerons cherchent à promouvoir la lutte naturelle entre les espèces.

Calendrier des travaux à la vigne :

HIVER :

(Période de repos de la vigne)

Décembre/Janvier :

  • Taille

  • Broyage des sarments ou brûlage

  • Nettoyage des vieux bois

  • Entretien du palissage (changement piquets, fils de palissage)

  • Apport de matière organique (compost, engrais organiques…)

Février :

  • Taille

  • Début des labours

  • Préparation des sols en vue des futures plantations

  • Apport de matière organique (compost, engrais organiques…)

Mars :

  • Taille

  • Attachage des baguettes et cordon

  • Déchaussage (bord des ceps), décavaillonnage (=consiste à décompacter la terre sur les rangs de vignes)

  • Si herbes, désherbage mécanique

 

PRINTEMPS :

(Période de réveil de la vigne, débourrement et floraison)

Avril :

  • Labours des interrangs

  • Décavaillonage

  • Remplacement des pieds manquants

  • Plantation des nouvelles parcelles de vignes

  • Inventaire du vignoble

Mai :

  • Labours

  • Plantation

  • Relevage et palissage

Juin :

  • Labours

  • Epamprage (définition IFV : Une pampre est un rameau non fructifère qui pousse sur la souche ou sur le porte-greffe. L'épamprage consiste à éliminer ces repousses)

  • Ebourgeonnage

  • Début du rognage

  • Attachage des jeunes vignes

  • Traitements si besoin

 

ETE :

(Période de croissance des raisins = véraison et maturité)

Juillet :

  • Labours et entretien des sols

  • Effeuillage

  • Traitements si besoin

  • Vendanges en vert si besoin

Août :

  • Vendanges en vert si besoin

  • Derniers labours

  • Effeuillage

Septembre :

  • Vendanges

 

AUTOMNE :

(Fin des vendanges et préparation de l’hiver)

Octobre :

  • Fin des vendanges suivant les AOP ou régions

Novembre :

  • Préparation des sols pour plantations

  • Apport de matière organique (compost, engrais organiques…)

Ce calendrier n’est pas exhaustif, il est possible que certains producteurs opèrent d’autres travaux dans leurs vignobles.

Vendanges manuelles / Vendanges mécaniques :

Il est indiscutable qu’une vendange manuelle bien conduite est bien plus bénéfique en terme de qualité et de respect du vignoble.
Malheureusement avec les lourdeurs administratives et la difficulté pour recruter de bons vendangeurs, la plupart des domaines sont obligés d’utiliser des machines.
Leurs avantages est qu’elles peuvent travailler sur des amplitudes horaires bien plus grande que des hommes. Elles sont bien évidemment moins chères et c’est un autre atout de ce type d’opérations.

Concernant la qualité du raisin ramassé, il est autant qualitatif et le gros avantage et qu’en cas de pluies la machine permet de récolter les raisins bien plus rapidement et donc de protéger la récolte !!!

Traitements :

Concernant les traitements, vous trouverez une fiche détaillée en vous rendant sur ce lien : http://www.itab.asso.fr/downloads/Fiches-techniques_viti/viti%20Protection%20Vigne.pdf

3 - En cave, en bio

La production de vin biologique est soumise à une législation européenne : « l’Organisation Commune du Marché vitivinicole » (OCM viti-vinicole : RCE 479/08).

Ces modalités d’application encadrent notamment les pratiques œnologiques (RCE 606/09). Depuis le 8 février 2012, des règles sur la vinification bio (RUE 203/2012) viennent compléter le règlement bio européen (CE) 834/2007, permettant la certification de la transformation et donc du vin et plus seulement du raisin.

La vinification biologique : Les nouvelles règles de vinification biologique sont entrées en application au 1er août 2012 (RUE 203/2012).Les exigences sont les mêmes pour l’ensemble des pays européens.

Elles s’articulent autour de 4 points clés définis sur la base de l’OCM viti -vinicole :

  • 100% des ingrédients agricoles utilisés doivent être certifiés bio: raisin, sucre, alcool, moût concentré rectifié (MCR).

  • Des restrictions ou interdictions sur l’utilisation de certains procédés physiques (ex : désalcoolisation, électrodialyse, chauffage >70°C, filtration utilisant un média dont la taille des pores est < 0,2 µm, sont des pratiques interdites).

  • Le respect d’une liste restreinte d’additifs et auxiliaires œnologiques en privilégiant pour certains une origine bio.

  • Des restrictions sur les niveaux de SO2 total dans les vins commercialisés.

Toute nouvelle substance/technique œnologique autorisée dans le cadre du règlement de l’OCM viti-vinicole, après le 1er Août 2012, doit faire l’objet d’une demande d’évaluation par un Etat membre auprès de la Commission européenne pour son autorisation en bio.

En attendant l’avis de la Commission, cette substance/technique reste interdite en bio. A l’inverse, toute substance/technique œnologique faisant l’objet d’une interdiction ou restriction dans le cadre du règlement de l’OCM viti-vinicole, l’est aussi en bio sans autre évaluation.

Le vigneron doit respecter ces exigences pour prétendre à la mention « vin bio » et au label bio européen : il ne peut plus faire certifier uniquement les raisins. La mention « vin issu de raisins de l’agriculture biologique » n’est plus utilisable sur les vins produits depuis le millésime 2012

4 - Quelques vignerons bio

SUD-OUEST
Château Plaisance = FRONTON
Domaine Ilarria = IROULEGUY
Château Boujac = FRONTON
Château Tour des Gendres = BERGERAC
Domaine Plageoles = GAILLAC

LANGUEDOC
Domaine PY = CORBIERES
Domaine Grand Guilhem = FITOU
Domaine Blanc Terrier = CORBIERES
Domaine Jean Louis DENOIS = LIMOUX
Domaine Gayda = OC

ROUSSILLON
Domaine Gauby = COTES CATALANES
Domaine Jean Philippe Padié = COTES CATALANES
Domaine des Schistes = MUSCAT DE RIVESALTES

PROVENCE / CORSE
Domaine Jas d’Esclans = COTES DE PROVENCE
Domaine de la Bégude = BANDOL
Domaine Arena = PATRIMONIO
Domaine La Goujonne = COTEAUX VAROIS
Château Romanin = LES BAUX DE PROVENCE

RHONE
Domaine Barou = SAINT JOSEPH
Cave de Visan = COTES DU RHONE
Domaine Lafond = LIRAC
Domaine M. Chapoutier = CROZES HERMITAGE

BORDELAIS
Château Le Puy = FRANCS COTES DE BORDEAUX
Domaine clos des granges vielles = MEDOC
Château Langlais = PUISSEGUIN ST EMILION
Château Guiraud = SAUTERNES

LOIRE
Clos Rougeard = SAUMUR CHAMPIGNY
Domaine des Pothiers = COTE ROANNAISE
Château de la Bonnelière = CHINON

CHAMPAGNE
Champagne Fleury
Champagne Erick Schreiber

BOURGOGNE
Domaine Didier Montchovet = POMMARD
Domaine de Villaine = BOUZERON
Domaine Guy Chaumont = GIVRY

ALSACE
Vignoble Becker = ALSACE GRAND CRU
Vignoble Albert Mann = ALSACE GRAND CRU
Domaine Weinbach =  ALSACE GRAND CRU

JURA
Domaine Giachino = VIN DE SAVOIE
Overnoy - Crinquand = ARBOIS